Balado du CCHST : Troubles musculo-squelettiques et santé mentale

Introduction : Ce balado est une présentation du Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail.

Le CCHST se situe sur le territoire traditionnel des Ériés, des Neutres, des Hurons-Wendats, des Haudenosaunee et des Mississaugas. Ce territoire est visé par le Pacte de la ceinture wampum faisant référence au concept du « bol à une seule cuillère », qui est un accord entre les Haudenosaunee et la Nation des Anishinabek visant à partager les ressources autour des Grands Lacs. Nous reconnaissons également que ce territoire est régi en vertu du traité Achat entre les lacs de 1792 entre la Couronne et la Première Nation des Premières nations des Mississaugas de Credit.

Chris : C’est la fin de votre quart de travail et vous vous rendez compte que vous n’avez pas accompli les tâches sur votre liste de choses à faire. Vous travaillez donc plus dur et plus vite, tout en vous sentant débordé, épuisé et peut-être même mal soutenu. Dans ce scénario, non seulement votre niveau de stress augmente, mais votre risque de trouble musculo-squelettique ou d’atteinte à la santé mentale s’accroît également.

Dre Heather O’Reilly, professeure adjointe à l’École des sciences interdisciplinaires de l’Université McMaster, se joint à nous aujourd’hui pour nous parler des relations entre les facteurs psychosociaux, les troubles musculo-squelettiques (TMS) et les atteintes à la santé mentale, ainsi que du rôle que les facteurs psychosociaux peuvent jouer pour améliorer la prévention de ces deux types de blessures.

Bienvenue, Dre O’Reilly, et merci d’avoir accepté de nous parler.

Dre O’Reilly : Merci de m’accueillir. C’est un plaisir d’être ici aujourd’hui. Ce sujet me passionne, et je pense qu’il est vraiment formidable de voir que tant de personnes s’intéressent à la prévention des blessures à un niveau plus holistique dans leur milieu de travail et, je dirais probablement, dans leur vie de manière plus générale.

Chris : Pour commencer notre conversation, évoquons le scénario que je viens de mentionner : un employé qui travaille rapidement, peut-être sans prendre de pauses, et qui ressent le stress qui en découle. En quoi ce type d’activité expose-t-il les travailleurs à un risque de blessures musculo-squelettiques ou d’atteintes à la santé mentale?

Dre O’Reilly : Oui, pour commencer, j’aimerais examiner le chevauchement des systèmes corporels. Parfois, les enthousiastes utilisent l’expression « connexion corps-esprit », et je penche plutôt pour le fait que notre psychologie est intimement liée à nos composantes physiques, comme si nous ne pouvions pas dissocier les parties de notre corps.

Ainsi, si nous partons d’un point de vue objectif en observant une personne travailler, comme dans le scénario que vous avez décrit, nous voyons généralement les facteurs de risque traditionnels de TMS, comme la force, la répétition ou la posture. En particulier, beaucoup d’entre nous peuvent s’identifier à cela, lorsque nous pensons à la façon dont nous nous asseyons devant notre ordinateur. Chacun de ces facteurs influence directement la façon dont nous bougeons, les muscles que nous sollicitons et la façon dont nous accomplissons nos tâches, mais ce qui est moins susceptible d’être constaté, ce sont les facteurs que vous venez de mentionner, comme le fait de travailler rapidement ou de se sentir sous pression, fatigué, de manquer de repos ou simplement de ressentir un stress général. Nous pourrions les regrouper sous le nom de facteurs psychosociaux associés au travailleur, et nous pouvons commencer à examiner les considérations psychologiques. Donc, les contraintes de temps, la pression et le stress peuvent influencer les changements physiologiques dans le corps. Il peut s’agir d’une augmentation du rythme cardiaque, d’une plus grande tension musculaire et d’une modification de la demande biomécanique pour pouvoir accomplir cette tâche. Un changement de posture, par exemple.

Un autre exemple, que je donne souvent aux étudiants lorsque je travaille avec eux, est celui de la prise de parole en public. Nous nous sentons stressés ou nerveux à l’idée de nous lever et de parler devant une foule, et il s’agit là d’une demande psychologique, peut-être cognitive, dont nous parlons, puis nous regardons nos mains qui commencent à trembler ou à transpirer un peu.

L’autre élément qui me vient à l’esprit est que cette relation va dans les deux sens et je donnerai l’exemple d’une personne qui a déjà subi une blessure. Dans cet exemple, nous parlons de blessure à l’épaule, soit d’une déchirure de la coiffe du rotateur. Il se peut qu’il y ait eu beaucoup de travail en hauteur dans les tâches du travailleur et nous pouvons donc aborder la question d’un point de vue physique, et je dirais, vous savez, on parle de force importante, de répétitions et de posture inconfortable. Cette personne pourrait alors recevoir une sorte de traitement, soit une chirurgie ou une physiothérapie. Cette personne est ensuite réintégrée au travail, et elle peut avoir reçu la permission de travailler sur le plan physique, mais dans de nombreuses études sur le retour au travail, on commence à voir ces composantes psychosociales ou psychologiques qui commencent à influencer le cheminement vers une réintégration réussie au travail. Et dans certaines des recherches que j’ai menées, il était assez facile de constater que les personnes qui s’étaient blessées à l’épaule, et qui avaient été totalement réintégrées, vous savez, après deux, trois, quatre ans, et complètement rétablies physiquement, éprouvaient toujours une sorte de peur de se blesser à nouveau ou une peur envers la tâche, que ce soit dans le sport ou au travail.

Chris : C’est intéressant! Sur la base de vos études et de votre expérience, pouvez-vous préciser à quoi ressemblent ces facteurs psychosociaux et comment ils sont liés aux accidents du travail les plus courants?

Dre O’Reilly : Oui. Les facteurs psychosociaux ne sont pas vraiment un nouveau sujet en ce qui concerne la prévention des accidents du travail. Il existe de nombreuses recherches historiques remontant aux années 60 et 70, des modèles historiques sur les facteurs psychosociaux. De nombreux pionniers peuvent parler des définitions opérationnelles, qui peuvent être légèrement différentes selon la personne à laquelle on s’adresse. Un exemple que je citerai est celui de l’Organisation internationale du travail, l’OIT, qui décrit les facteurs psychosociaux comme les interactions entre l’environnement de travail, le contenu du travail, les conditions organisationnelles et les capacités, les besoins, la culture et les considérations personnelles et extraprofessionnelles des travailleurs, qui peuvent influencer les perceptions, l’expérience ainsi que la santé, le travail, le rendement et la satisfaction au travail.

La description est un peu longue, mais ce que nous essayons de comprendre, ce sont toutes ces relations, ces relations psychosociales, socioculturelles, environnementales, en dehors des composantes physiques du travail.

Chris : Quelles sont les ressources actuelles auxquelles nos auditeurs peuvent se reporter?

Dre O’Reilly : Au Canada, nous pouvons maintenant nous pencher sur les normes de santé et de sécurité psychologiques. Nous disposons donc d’une norme CSA à ce sujet, qui met en évidence différents facteurs : ressources professionnelles, exigences professionnelles. Protégeons la santé mentale au travail est une autre ressource créée dans l’optique de la norme de santé et de sécurité psychologiques.

D’une manière générale, lorsque j’examine cette question et les différentes définitions, je constate qu’il existe différentes catégories ou sortes de lentilles à travers lesquelles nous pouvons examiner les facteurs psychosociaux en milieu de travail. Par exemple, nous pouvons considérer la question au niveau individuel ou au niveau organisationnel. Ainsi, si nous prenons l’exemple du soutien social, en théorie, il pourrait s’agir d’un facteur individuel, si une personne n’a pas l’impression d’avoir une bonne équipe ou de bénéficier d’un soutien à la maison. Mais lorsque nous l’examinons d’un point de vue organisationnel, nous pouvons nous intéresser à la structure hiérarchique de l’organisation, à la gestion, à la direction.

L’autre élément à prendre en compte pour regrouper ou catégoriser les facteurs psychosociaux est le fait qu’ils soient modifiables ou non modifiables. Donc, du point de vue de la santé et de la sécurité au travail, quels sont les éléments sur lesquels nous pouvons réellement intervenir et que nous pouvons modifier? Si un travailleur vit quelque chose à la maison et, en quelque sorte, qui peut être lié à ces conflits entre vie professionnelle et vie personnelle ou à l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, on ne dit pas qu’il faut l’ignorer, mais nous devons réfléchir au fait qu’en tant qu’ergonomes ou professionnels de la santé et de la sécurité au travail, nous ne pouvons peut-être pas changer grand-chose à cet égard, mais nous pouvons commencer à examiner les facteurs organisationnels modifiables.

Chris : C’est vrai. Nous examinons ce que nous pouvons faire dans le milieu de travail.
La dernière chose que je dirai à ce sujet, c’est qu’il faut les classer par catégories. Des travaux ont été menés au Royaume-Uni résumant les données d’enquête sur des interventions effectuées au niveau individuel en ce qui concerne les exigences au niveau professionnel, puis les exigences au niveau de l’organisation. On a constaté que certaines de ces interventions au niveau individuel ne fournissaient pas vraiment les ressources appropriées dans le contexte du travail. Donc, les conclusions dans ce domaine seraient de s’orienter vers une sorte de changement organisationnel plutôt que de se concentrer sur chaque personne en particulier.

Chris : Ainsi, des facteurs comme la satisfaction au travail et l’équilibre entre l’effort et la récompense peuvent en fait augmenter ou diminuer le risque de blessures physiques, comme les troubles musculo-squelettiques?

Dre O’Reilly : Mmm. C’est une excellente question!

Plusieurs de ces facteurs peuvent augmenter ou diminuer le risque. Nous pouvons examiner, je pense, un grand nombre de facteurs de risque et de milieux de travail se situent en quelque sorte dans un paradigme ou un continuum. Nous avons souvent tendance à considérer la prévention d’un point de vue négatif et à oublier l’aspect de la promotion de la santé.

Je citerai l’exemple du soutien social. Donc, si un gestionnaire fait preuve d’un manque de compétences en matière de leadership, s’il fait de la microgestion, s’il confie des tâches peu claires, on prépare le terrain pour un risque plus élevé de blessures, qui peuvent être physiques ou psychologiques, sur la base de certains des descripteurs que j’ai mentionnés plus haut. Si nous inversons la situation et que nous mettons en place un superviseur qui se surpasse pour son personnel, prend le temps d’écouter, défend les intérêts de son personnel et de la direction, on se dirige vers le facteur psychosocial du soutien social, qui est vraiment positif et bénéfique.

La même notion s’applique à la satisfaction au travail. Je me souviens qu’enfant, mes parents me disaient : si tu trouves un travail qui te plaît, tu ne travailleras pas un seul jour de ta vie, et ils avaient peut-être raison, ils étaient peut-être les pionniers des facteurs psychosociaux. Mais la satisfaction au travail a fait l’objet de nombreuses recherches dans les années 80 et 90 et a été fortement corrélée au risque de troubles musculo-squelettiques et au retour au travail après la guérison d’un trouble musculo-squelettique.

Ce qui m’intéresse vraiment lorsque nous examinons l’interconnectivité de tous ces facteurs psychosociaux, c’est que nous avons tendance à parler de ces recherches et à intervenir de manière indépendante, par exemple, je vais mettre en œuvre une stratégie qui se concentre uniquement sur la satisfaction au travail, mais nous pourrions oublier que ces stratégies influencent en quelque sorte ces autres facteurs psychosociaux et, d’un point de vue statistique, nous parlons de ce que l’on appelle la colinéarité ou d’une situation dans laquelle deux variables ou plus sont étroitement liées les unes aux autres et, dans mon esprit, ces exemples, comme le soutien social et la satisfaction au travail, démontrent exactement cela : si vous avez un superviseur qui vous soutient, vous pouvez vous sentir un peu mieux dans votre travail, ce qui peut à son tour vous donner une plus grande satisfaction au travail.

Chris : Merci de nous avoir éclairés sur ce point, parlons de la prévention.

Quels sont les moyens pratiques dont disposent les milieux de travail pour évaluer leurs travailleurs, l’environnement et les facteurs psychosociaux afin de prévenir les blessures musculo-squelettiques?

Dre O’Reilly : Donc, du point de vue de l’évaluation, nous disposons d’un grand nombre d’évaluations physiques bien établies, qui vont de l’observation à la mesure de la force et des charges, en passant par la modélisation et la simulation. En ce qui concerne l’aspect psychosocial, nous nous appuyons un peu plus sur les rapports sur les travailleurs et les enquêtes auprès de ces derniers. Il s’agit donc de quelques outils connus dans les recherches dont j’ai connaissance. Nous disposons du questionnaire psychosocial de Copenhague, qui peut contenir plus de soixante questions à poser à un travailleur pour obtenir un aperçu des facteurs psychosociaux. Il existe également le sondage StressAssess au Canada, qui s’inspire en quelque sorte du questionnaire de Copenhage, ou encore l’outil Protégeons la santé mentale au travail.

Différentes boîtes à outils sont maintenant disponibles, le Job Content Questionnaire est un outil utilisé depuis longtemps. Les praticiens, les commissions des accidents du travail, les associations de santé et sécurité ont tous tendance à avoir leurs propres outils. C’est l’un des systèmes de soutien dont nous avons la chance de disposer dans ce contexte, en particulier en Ontario.

Dans le cadre de mes recherches, en discutant avec certains ergonomes de l’Ontario et du Canada en général, j’ai constaté que l’un des principaux défis liés à cette évaluation et à l’utilisation de ces différents outils d’évaluation était la capacité à saisir les problèmes multifactoriels ou multitâches. Ainsi, si l’on se concentre sur les facteurs physiques, on peut utiliser un outil, mais si l’on veut saisir les facteurs psychosociaux, on peut utiliser un autre outil, et la façon dont vous combinez ces deux outils donne lieu à une évaluation plus holistique.

Chris : D’accord. Il semble qu’il faille plus d’un outil pour réaliser une évaluation complète. Et ils sont facilement disponibles. C’est bon à savoir.

Dre. O'Reilly : L’autre élément dont on a fait état est la difficulté à traiter les facteurs sous-jacents. Ainsi, dans certains secteurs, nous pourrions simplement dire que les facteurs de risque psychosociaux et cognitifs font partie du travail. Je dis cela entre guillemets. Si nous utilisons les enquêtes que j’ai mentionnées précédemment dans un hôpital en pénurie d’effectifs et que nous déterminons qu’il existe des exigences émotionnelles élevées, un rythme de travail élevé, de longues heures de travail, un faible contrôle du travail, nous pourrions être confrontés à une réponse des travailleurs ou de la direction qui dirait que tout cela fait partie du travail, nous le savions déjà.

Je pense donc que l’un des aspects délicats de l’évaluation est d’adopter une approche un peu plus participative et de demander aux travailleurs quelles stratégies pourraient les aider.

En passant de ce type d’évaluation à une optique plus stratégique, je dirai que je n’ai pas toutes les réponses précises, car les besoins du milieu de travail diffèrent en fonction du contexte. L’autre élément que j’ajouterai concerne le point de vue de la recherche. Il est parfois très difficile de recueillir des renseignements sur les pratiques qui fonctionnent. L’une des raisons est que la recherche aime les choses très contrôlées. Nous aimons un cadre agréable et contrôlé, mais nous savons que le milieu de travail n’est pas un cadre contrôlé, qu’il est très dynamique et que les stratégies sont parfois élaborées à la volée et mises en œuvre. Les équipes d’ergonomes ou de spécialistes de la santé et de la sécurité au travail au sein d’une organisation peuvent prendre cela sous leur aile et créer quelque chose.
Revenons à ce concept de facteurs organisationnels modifiables. Je pense que le croisement entre l’évaluation des risques, la prévention et la promotion de la santé est peut-être une bonne façon de conceptualiser les choses et d’intégrer à nouveau cette approche participative où l’on obtient l’adhésion des travailleurs et de la direction. Lorsque je discute avec d’autres collègues et des ergonomes qui travaillent dans ce domaine, la question qui revient le plus souvent est la suivante : savons-nous seulement si les milieux de travail sont prêts à prendre en compte ces facteurs ou à adopter une approche proactive? Et la plupart d’entre nous devinent que la réponse est probablement non, et je pense que c’est là que réside notre point de départ.

Chris : Oui. Comment et où commencer?

Dre O’Reilly : Lorsqu’il s’agit de penser stratégiquement au système de santé et de sécurité au travail ou quelque chose de plus large, l’établissement des stratégies déjà en place et de celles qui pourraient être manquantes est une voie à suivre.
L’autre élément que je recommande, sur la base de mon expérience, est de faire en sorte que les différentes parties de l’organisation se parlent. Cet exemple ne peut s’appliquer qu’à des milieux de travail plus importants. Je vais vous présenter une situation que j’ai vécue ou pour laquelle j’ai été consultante dans le cadre d’un programme d’ergonomie. J’ai constaté qu’il y avait des lacunes dans la prise en compte des facteurs psychosociaux et on m’a répondu que c’était le rôle de l’équipe de mieux-être, que ce n’était pas le leur. J’ai donc dû rire un peu à ce moment-là. Ce n’est pas pour rien que l’on parle de santé et de sécurité, et cet exemple me ramène à mon propos. J’ai mentionné au début de notre conversation que traiter séparément la santé physique et la santé psychologique n’a, à mon avis, pas vraiment de sens parce que a) elles sont liées et b) c’est un peu un gaspillage de ressources, deux services essayant de s’attaquer au même problème semblent un peu redondants.

Chris : Ce sont des recommandations utiles. Passons aux travailleurs. Avez-vous des conseils à leur donner pour réduire le risque de blessures physiques ou mentales?

Dre O’Reilly : Oui, c’est vrai. Je pense que l’une des choses qui me viennent à l’esprit est la prise de conscience générale des droits et des responsabilités.
C’est un bon point de départ.

Je pense à un ami qui travaillait dans le domaine de la gestion des déchets. Il soulevait les objets lourds que certains de ses collègues plus âgés ne devaient pas ou ne pouvaient pas soulever à son avis, et il ne savait pas vraiment qu’il y avait des limites de poids à ce que quelqu’un devait soulever au travail. Au bout du compte, il a subi une blessure chronique à l’épaule qui a entraîné son absence du travail, et ce, pendant de nombreuses années en raison de procédures d’indemnisation des accidents du travail.

C’est donc une sorte de point de départ. Il ne savait pas qu’il existait des règles de responsabilité dans un milieu de travail pour prévenir ce type de blessure. Il s’agit donc d’un exemple. Il en va de même pour les facteurs psychosociaux : donner aux travailleurs les connaissances nécessaires pour qu’ils sachent que, par exemple, si un patron attend d’eux qu’ils répondent à un courriel ou à un appel à 22 heures, cela est en fait considéré comme étant en dehors des heures de travail et un facteur de risque. Ce n’est pas quelque chose qui est censé se produire. Un nouveau type de législation est mis en place à cet effet.

L’autre élément à mettre en évidence est le soutien social ou, vous savez, ce que vos collègues font, comment ils vous traitent. Si vos collègues font continuellement de petites remarques désobligeantes au travail, il s’agit d’une forme de micro-agression et de harcèlement que vous ne devez pas tolérer et il existe, ou devrait exister, des systèmes permettant de le faire savoir dans votre milieu de travail.

Chris : C’est logique.

Dre. O'Reilly : Dans cet esprit, je répète qu’il est important d’avoir une conscience générale des droits et des responsabilités. Nous devons être attentifs au moment où nous ajoutons ces éléments et cela peut ressembler à quelque chose, par exemple, l’ajout d’un autre module de formation. Je pense que les travailleurs suivent déjà beaucoup de formations et ne se souviennent pas toujours de toutes les formations qu’ils reçoivent, c’est donc quelque chose que je veux dire, j’y pense d’autant plus que je travaille dans le secteur de l’éducation. Je dirais qu’il faut parfois commencer dès le secondaire, car c’est peut-être à ce moment-là que les enfants obtiennent leur premier emploi et c’est là que se trouve l’occasion de leur enseigner les droits et les responsabilités d’un travailleur.
L’autre élément qui s’applique directement aux travailleurs [est de fournir] un espace de communication et de s’assurer qu’ils ont la voix et la force de déclarer les risques qu’ils perçoivent, qu’ils soient physiques, psychosociaux, cognitifs, par nature, et d’établir différentes solutions et peut-être des mesures d’adaptation qui pourraient leur être utiles.

Chris : C’est un excellent conseil. Pour conclure, aimeriez-vous dire quelques mots aux milieux de travail qui commencent à peine à faire le lien entre les blessures musculo-squelettiques en milieu de travail et les facteurs psychosociaux?

Dre O’Reilly : J’ai une petite chose à dire et je m’appuie sur les médias sociaux. J’ai vu un article intéressant sur LinkedIn. Il ne s’agit pas vraiment de données probantes, mais j’y ai trouvé un écho. Il s’agissait d’un panneau d’affichage sur lequel on pouvait lire : « Votre gestionnaire a plus d’incidence sur votre santé que votre médecin, agissez en conséquence ». Et je pense que le sujet dont nous avons discuté aujourd’hui a retenu mon attention. Nous passons la majeure partie de notre temps au travail et il est donc de notre responsabilité commune de veiller à notre santé et à notre sécurité.

Chris : Merci d’avoir partagé vos idées, Dre O’Reilly, et merci aux auditeurs de s’être joints à nous pour en savoir plus sur le rôle des facteurs psychosociaux dans la prévention des blessures musculo-squelettiques au travail.

Pour obtenir plus de renseignements sur la santé et la sécurité au travail, veuillez consulter le site C-C-H-S-T point c-a.

Au revoir.